Certains préfets sont stressés. La fin de l’année approche et ils n’ont pas atteint le quota d’expulsions qui leur
avait été assigné, à l’unité près, en début d’année et a été revu à la hausse en septembre, à la suite des tonitruantes déclarations de leur patron sur un « record historique »
à atteindre.
Bien évidemment, ce résultat n’entre pour rien, mais vraiment pour rien, dans l’attribution de la prime annuelle de 60 000 € (30 000 pour les sous-préfets) allouée aux
meilleurs « serviteurs » de l’Etat.
C’est donc pour la simple beauté du geste que certains préfets s’adonnent avec ardeur à la chasse à l’enfant, à la chasse aux parents sans papiers, aux travailleurs sans papiers, aux lycéens sans
papiers.
Bref, à tout ce qui bouge, pense, rit, travaille et étudie… mais n’a pas de papiers.
Ci-dessous trois histoires qui, chacune à leur façon, témoignent des drames engendrés par la volonté délibérée du Ministre de l’Intérieur, Ministre de la Chasse à l’enfant d’atteindre
coûte que coûte l’objectif de 30 000 expulsions qui lui a été assigné.
L’humanité selon Claude Guéant
Jeton et Jaha Azemi ont été arrêtés à Belfort le 17 septembre avec leurs deux enfants, Meschidée 4 ans, scolarisé en maternelle, et son frère de 2 ans. Ils ont été enfermés au CRA de
Metz .Au Kosovo, Jaha militait pour la scolarisation des enfants roms. Arrivés en France en avril 2009, ils se sont installés à Belfort. Leur demande d’asile a été rejetée. Le 24
septembre, les parents (la mère est enceinte) et leurs deux enfants ont été emmenés à Roissy où un avion en direction du Kosovo les attendait. Jeton, le père a refusé d’embarquer. La
famille a été à ramenée à Metz pour y être à nouveau enfermée. Le Juge des libertés et la Cour d’appel ont confirmé la rétention. Ils ont été expulsés lundi 26 septembre dernier à 6 h du matin.
La maman avait passé la nuit de vendredi à samedi à l'hôpital à cause de contractions (elle est enceinte, la naissance est prévue fin décembre !) et un certificat médical contre-indiquait
tout voyage. La police s'est emparée du certificat et la famille n'a pas pu le récupérer. Nous avons manifesté devant la préfecture vendredi soir, plusieurs familles sont menacées à Belfort.
On sait que la famille AZEMI n'a aucun point de chute au Kosovo et ne bénéficie d'aucune aide. Jeudi soir, au téléphone, Jeton disait que ses enfants avaient faim et que la boulangerie leur avait
refusé du pain. Monsieur Guéant doit être fier de lui !
LE TOUR DE FRANCE DES PRISONS POUR ENFANTS ?
Idriz et Mizafere E. sont Serbes… d’origine albanaise, ce qui n’est pas rien. Ils ont deux enfants de trois et six ans. Fuyant les mauvais traitements, ils sont arrivés en France en
2008. Leur demande d'asile a été définitivement rejetée en mai 2010, une OQTF leur a été signifiée en novembre par la préfecture de l’Aube. Ils étaient logés au foyer d'Adoma de Troyes. Le
27 juillet, la police s'y est présentée pour interpeller la famille E. Le mari n'étant pas présent, les policiers ont arrêté la femme et les deux enfants qui ont été placés au CRA de Metz. Le JLD
de Metz a les libérés au 5ième jour de rétention. Libéré, la famille s'est présentée à son ancien domicile. Les responsables d’Adoma leur en a interdit l’entrée : demande
d’asile rejetée, plus de domicile, les enfants à la rue. C’est comme ça en 2011.Après des semaines de galère :
hébergement à droite et à gauche ou dans la rue, hospitalisation de la mère, tentative de se faire héberger chez des proches à Strasbourg puis retour à Troyes, la famille E. a de
nouveau été arrêtée et placée en rétention, au CRA de Mesnil-Amelot.
Dernière heure : nous apprenons que la famille E. vient d’être libérée sur décision du Tribunal administratif de Melun.
Kafkaien
Parties au Congo où elles ont de la famille, Thyssina, Elaura et leur mère Mme Brigitte Vigoureux y sont aujourd’hui bloquées pour des raisons incompréhensibles. De nationalité belge,
résidant en France depuis plus de vingt ans où sont nées ses deux filles Thyssina et Elaura, Mme Vigoureux a demandé à l’ambassade de Belgique le renouvellement de son passeport. Là, les
services consulaires belges l’informent qu’elle aurait été déchue de sa nationalité belge sans pouvoir, ou vouloir lui fournir la moindre explication. Conséquence : elle et ses deux filles,
sans passeport, sans visa, sans aucune attestation, ne peuvent obtenir le droit de rentrer en France ! Cette situation est incompréhensible, injustifiable. L’invraisemblable ne s’arrête pas
là : du fait de cette « décision », elles se retrouvent apatrides. Or la Charte des Droits de l’Homme de l’ONU ainsi que la Charte Européenne des Droits Fondamentaux l’interdisent
formellement !
Thyssina (13 ans) et Elaura (15 ans) sont les premières victimes de cette invraisemblable situation. Nées en France (Elaura est en instance d’obtention de son certificat de nationalité française
qu’elle doit retirer à la préfecture de Paris à son retour en France) et scolarisées dans le 13e arrondissement de Paris (au Collège Georges Sand en 4e et au Lycée Claude Monet en 2de), elles ne
désirent qu’une chose : rentrer au plus vite et reprendre normalement leurs études ! Elles ont déjà raté la rentrée scolaire et perdu un mois des programmes.
Par ailleurs, restées à Paris, les deux autres filles de Madame Vigoureux sont seules, livrées à elles-mêmes, espérant le retour de leur mère et de leurs sœurs.
Autour de Thyssina et d’Elaura, dans leurs établissements, dans l’arrondissement, avec les élus et de nombreux citoyens, nous sommes regroupés pour que leur cauchemar s’achève. Nous appelons donc
à signer cette pétition pour qu’avec leur mère elles reviennent ! Qu’elles soient rétablies dans leurs droits, que Madame Vigoureux le soit aussi et qu’ainsi elles puissent rentrer dans
l’espace Schengen ! Ainsi, cette famille pourra reprendre une vie normale !
Pratiques odieuses, violences, traitement dégradant des enfants et des parents, libertés prises avec la légalité, ce
qui se passe à l’occasion des expulsions doit être connu.
Ne perdons pas l'une des composantes essentielles qui fait l'être humain : la faculté d'indignation et
l'engagement qui en découle. L'indifférence serait la pire des attitudes !
Nous vous invitons à faire part de votre indignation aux élus et fonctionnaires qui ont décidé de ces mesures. Ce sera
l’occasion de dire qu’au dessus de lois de circonstances se trouvent des principes républicains, dont celui de fraternité et d’accueil de l’autre.
Pour entrer en relation avec :
Monsieur le Président de la République
http://www.elysee.fr/ecrire/index.html <http://www.elysee.fr/ecrire/index.html>
guillaume.larrive@elysee.fr
Elysée :
01 42 92 81 00
Elysée fax : 01
47 42 24 65
Monsieur le Conseiller spécial :
henri.guaino@elysee.fr
Monsieur le secrétaire général :
xavier.musca@elysee.fr
Monsieur le Ministre de l’Intérieur :
claude.gueant@interieur.gouv.fr
Monsieur le Directeur de cabinet :
stephane.bouillon@interieur.gouv.fr
Monsieur le Directeur de cabinet-adjoint :
georges-francois.leclerc@interieur.gouv.fr
Messieurs les membres du cabinet chargés de l’immigration :
pierre.regnault-de-la-mothe@interieur.gouv.fr
henri.zeller@interieur.gouv.fr
christophe.reynaud@interieur.gouv.fr
Le secrétariat général à l’Immigration :
secretariat-general@immigration-integration.gouv.fr
Monsieur le Secrétaire général :
stephane.fratacci@immigration-integration.gouv.fr
Monsieur le Directeur de cabinet :
gautier.beranger@immigration-integration.gouv.fr
Madame le Chef de cabinet :
charlotte.orgebin@immigration-integration.gouv.fr
La Préfecture de la Moselle / Préfecture de Lorraine :
Téléphone
03 87 34 87 34
Téléphones du Bureau des Etrangers
03 87 34 84 51
Fax
03
87 34 85 20
Monsieur le Préfet, Préfet de Région :
christian.de-lavernee@moselle.gouv.fr
Monsieur le Secrétaire général :
francois.valembois@moselle.pref.gouv.fr
Madame la Directrice de cabinet du Préfet :
Elisabeth.castellotti@moselle.pref.gouv.fr