Le RESF a appris le rejet de la demande de visa d’Ahmed Sohail par un article du Figaro avant même que l’intéressé ait été avisé. Il a découvert dans le même article les quatre mois de prison effectués par Ahmed en 2011 et sa condamnation en Allemagne à 18 mois d’emprisonnement avec sursis pour sa participation à un réseau de passeurs d’Afghans vers le Danemark.
Ces faits sont graves et le RESF regrette profondément qu’Ahmed n’en ait pas informé les militants qui, depuis des mois, lui apportent leur soutien, pas plus que les journalistes qui l’ont rencontré. L’information qui a circulé sur Ahmed était incomplète, nous le déplorons vivement aujourd’hui. De nombreux élus, des militants, des particuliers, indignés du sort réservé à ce garçon de 23 ans lui ont apporté leur soutien, ont signé un appel en sa faveur, ont participé à la collecte destinée à le sortir de prison, ont mis sur Facebook leur photo pour demander son retour. Des actions en tous points identiques à celles menées par RESF depuis des années. Les informations mentionnées ci-dessus auraient été connues (l’administration ne se prive généralement pas de les diffuser), nous aurions dénoncé l’expulsion, mais nous n’aurions sans doute pas donné à la situation personnelle d’Ahmed l’écho qu’elle a reçu. Il se peut que certains de ceux qui ont participé d’une manière ou d’une autre au soutien d’Ahmed Sohail ne l’auraient pas fait s’ils avaient eu connaissance de ces informations. RESF est prêt à restituer à ceux qui en feront la demande les sommes versées « pour Ahmed » Mais nous regrettons également que les pouvoirs publics qui auraient dû savoir aient soit ignoré la vérité, soit choisi délibérément de la taire à la presse, aux élus reçus par le cabinet du ministre et au RESF.
Ahmed Sohail a commis un délit, il a été sanctionné, lourdement. Sa responsabilité, que nous reconnaissons, ne saurait toutefois occulter celle de la politique des gouvernants successifs dans le cas d’Ahmed comme dans celui de tant d’autres jeunes ayant été scolarisés et privés de papiers.
Au moment de son expulsion, les plus hauts responsables de l’Etat, ceux qui ont pris la décision, ignoraient ou ont fait comme s’ils ignoraient les condamnations d’Ahmed Sohail. C’est donc bien un ex-lycéen sans papiers qu’ils ont expulsé dans les conditions que l’on sait. Autoriser Ahmed Sohail à revenir serait le signe que, sans cautionner si peu que ce soit d’éventuels délits, le gouvernement entend ne pas pratiquer la double peine et admet que 8 ans de présence en France de 15 à 23 ans, une scolarisation réussie, une promesse d’embauche, etc, sont des raisons suffisantes, pour n’importe quel jeune, de construire son avenir dans le pays qu’il a, à l’évidence, choisi.
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